Nous sommes tous des playmobiles - Nicolas Ancion
Bruxelles est une ville en plastique, comme le reste de la planète : on y voit courir des petits bonhommes dérisoires, emportés dans le courant de leur vie comme des bouteilles vides à la surface du canal. On rit, on se bat, on se débat, puis on se laisse aller et on se retrouve noyé dans la vase, sans avoir rien remarqué. A moins qu’un soubresaut ne change le cours des choses…
Dans ce recueil de nouvelles, il suffit de presque rien : une tache de sauce, un appareil photo, une agrafeuse, un abri de jardin ou un paquet de cigarettes pour qu’une vie banale bascule dans la grande aventure, pour que l’absurde redonne des couleurs à une existence terne
Le moins que je puisse dire c’est que j’ai été surprise par
le contenu de ce recueil de nouvelles. D’après la 4e de couverture
je m’attendais à découvrir des personnages plutôt banals.
Ce fut effectivement le cas : un mari plaqué par sa femme pour qui la situation
tourne à son avantage ; un directeur commercial qui descend de son
piédestal pour découvrir par qui sont fabriqués les produits qu’il vend ;
un responsable de compagne publicitaire ronger par les remords d’avoir renversé
un jeune homme…
Mais se succèdent également, au milieu des autres, des personnages un peu frappés (comme dans la vie quoi ^^) : un petit papi désabusé par la vie, pas si innocent et serviable qu’on s’y attendait ; un ex-taulard au sens de l’humour douteux ; un homme qui veut enseigner l’art de tuer proprement…etc.
Les givrés n’ont pas été mes préférés.
Pour certaines choses, au départ j’ai
été un peu choquée mais en y repensant pas la suite ça m’a fait rigolé.
L’auteur à une façon bien agréable de jouer avec les mots et il joue au chaud/froid avec nos émotions.
Quelques morceaux choisis :
« Moi je dis qu’il y a une justice. Mais ceux qui la rendent, ce ne sont ni les juges, ni les hommes, ni les lois ; ce sont les circonstances.
Et les circonstances, elles sont bien souvent aggravantes »
« J’ai appris un truc utile dans la vie : que tu sois coupable ou innocent, dis toujours que ce n’est pas toi. Si ce n’est pas toi, tant mieux, tu ne fais que dire la vérité. Et si c’est toi, tant pis, ils n’ont qu’à trouver un autre moyen pour te mettre dedans » (devises adoptée naturellement par bon nombre de collégiens :P)
« Cynthia l’avait regardé si fort et si longtemps qu’elle avait dû voir à travers lui, tellement ce type était creux »